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M A I 2 0 2 2 | La lettre pour Oser Ses Talents

DOIT-ON RÉENCHANTER 

SON QUOTIDIEN ? 

Une devinette pour commencer : 

Quel est le sport préféré des Français ? celui dont nous sommes champions du monde ? Non pas QUE le foot ! Nous sommes aussi champions de la RALERIE ! 

Nous avons ce palmarès redoutable et cette réputation collante à travers le monde : En France, on ronchonne et on en raffole ! 

D’abord Râler, c’est dans notre nature pense-t-on : 

les tons GRRR, les “toujours”, les “jamais”, les “tous pourris” “les tous des c—” C’est aussi dans notre culture : on accuse, on critique, on exagère. A la pause café, c’est léger, ça passe tout seul et en plus ça crée des liens. 

Si on regarde bien, nous avons tous une bonne raison de râler, alors pourquoi s’en priver ? C’est vrai, quoi ! 

-On subit le patron qu’on se coltine depuis 10 ans, 

– on est débordée entre les examens du grand et la fièvre du dernier, 

– on ressent une profonde désillusion entre une vie idéalisée sur papier glacé type “Insta” et notre quotidien morose pas franchement glamour. 

On le sait bien, râler n’avance à rien, mais qu’est ce que ca défoule !

Râler serait bienfaisant ?

En fait, sans en avoir l’air, c’est peut-être ce que nous avons trouvé de mieux pour exprimer avec pudeur que nos besoins essentiels ne sont pas satisfaits. 

Alors, Ecoutez-vous râler la prochaine fois et demandez vous ce que cela dit de votre besoin du moment ? 

Besoin de tendresse, de soutien, ou besoin de sens ? 

Besoin de pleurer, de rire ou besoin de convivialité ? 

Besoin de sortir, de changer d’air, ou besoin de se reposer ? 

Il y a juste un problème : râler ça gâche aussi un peu la vie ! 

Les râleurs perdent leur temps à maugréer sans agir, et leur énergie en considérations stériles ; le sentiment de “a quoi bon?” gagne du terrain, menant tout droit à la déprime. 

Ils font doucement le vide autour d’eux, car leur compagnie plombe rapidement le moral. Faute de s’exercer à dire les mots justes, leur langage s’appauvrit, ce qui les rend encore plus agressifs. On a même montré qu’ils vivent moins bien, moins longtemps que les personnes enjouées. CQFD ! 

Or, on veut tous une vie plus joyeuse, chaleureuse, pétillante, intéressante mais ce n’est pas rose pour autant tous les jours ! Par quoi remplacer nos râleries ? 

Chiche ! On essaie d’arrêter (un peu) de râler ? 

Premièrement, on tourne un peu sa langue dans la bouche avant de parler : Ce que je veux dire est-il VRAI ? BON ? UTILE ? (ce sont les 3 filtres que proposait Socrate). Si oui, on commencera par s’armer de bienveillance envers nous -même et notre entourage en apprenant à dire ce qui ne va pas, mais pas n’importe comment : je parle en direct à la personne qui est concernée, je dis JE puis je nomme mon émotion. Enfin je fais une demande claire. 

Deuxièmement, on s’armera de PATIENCE : on ne pourra pas s’attaquer à tous les domaines de notre vie à la fois : d’abord revoyons certaines exigences (par exemple, la maison nickel des catalogues ne sera définitivement pas la vôtre, tout simplement car la vôtre vibre et vit) ; choisissons aussi nos batailles : (par ex le salon reste en ordre mais pas les chambres des enfants systématiquement tous les soirs) 

Troisièmement, on travaillera sa CREATIVITE : Face à cette situation qui m’énerve, je décide de prendre ma responsabilité et je cherche à agir pour ne plus subir. Je regarde le problème et j’élabore une solution (ex : la pomme de douche est encore tombée et ça m’agace, soit je râle, soit je vais chercher un tournevis) ! 

Enfin, on découvrira le trésor de la GRATITUDE : on apprend à se réjouir de ce que l’on a, à remercier, à “bénir” (dire du bien), à voir ce que les autres font et dont on profite au quotidien. On apprendra aussi à s’offrir des bulles de répit, et à “célébrer” les moments joyeux de la vie ! 

Si je cherche bien, je pourrai même apprendre à vivre sans râler et les bénéfices viendront vite ! 

Je laisse un Ancien conclure. Aristote disait à Nicomaque :

“ Tout le monde se met en colère, c’est facile ; mais se mettre en colère avec la bonne personne, avec la bonne intensité, au bon moment, pour la bonne raison, d’une bonne manière, tout le monde n’en a pas la capacité, ce n’est pas facile.” 

En somme, bien râler, râler “juste”, c’est tout un art.